Bienvenue dans le monde de Tahar Djaout, solide et obscure avec la densité des choses! ses textes ont des pouvoirs de vérité qu'il n'emprunte

pas à la lumière, mais à la lenteur du regard qui les parcourent, les contournent et peu à peu les pénètre et ne leur apportant jamais que leur propre vérité.

"Z'her na& d asawen i t'3aban w aman"Ait Menguelet

Victime de l'intolérance !

 

Victime d'un attentat le 26 Mai 1993 devant son domicile algérois décédé quelques jours plus tard des suites de ses blessures le romancier Tahar Djaout symbolise encore pour nombre de ses compatriotes la figure de l'intellectuel-martyr victime parmis les premiers, de intégrisme (d'état) armé ses assassins n'aient jamais été retrouvés. Tahar Djaout est un drapeau, un étendard presque un label. Celui de cet Algérie moderniste. Tahar Djaout à qui l'on doit entre autres beaux romans, les chercheurs d'os (1984) et les vigiles (1991), était aussi un journaliste et un pamphlétaire de talent.il est également le fondateur de l'hebdomadaire Rupture.


Voici un extrait des écrits de Tahar DJAOUT
Soleil bafoué Le passeurs Noctambule
J'invoque encore la débâcle des Aurores
J'invoque encore à la dérive des dernières Iles-refuges
J'invoque à l'orée de toutes les plaies
le soleil bafoué
déchiqueté dans une odeur de vague
Et accroché aux derniers sanglots
des cithares qui se sont tues
J'invoque pour me désabuser
Oh quel cauchemar
J'ai rêvé que Sénac est mort
tous les chants caniculaire
annonciateurs d'un Feu possible
Faut-il avec nos dernières larmes bues
oublier toutes les terres de soleil
ou personne n'aurait honte de nommer sa mère
et de chanter sa foi profonde
oublier oh oublier
oublier jusqu'au sourire abyssal de Sénac
Ici gît le Corpoème
foudroyé dans sa marche
vers la vague purificatrice
fermente l'invincible semence
des appels à l'Aurore grandit dans sa démesure
Sénac tonsure anachronique de prêtre solaire le temple
édifié dans sa commune passion du poète du paria
et de l'homme annuité réclamant un soleil

Je suis allongé chez moi
Comme tous les vendredis
qui ont remplacé dimanche
à lire des poèmes tristes
de Réné-guy cadou
mais les mots gravitent sans pesanteur
Je rame dans l'étuve
ou les mouches se noient
et dévide lentement
le boulier des cicatrices
malgré le cours parfaitement lisse
de l'ennui
tu t'es fait des blessures un peu partout
dans ta mémoire retorse
tu es donc vraiment né
pour repérer le moindre caillou
capable de t'imprimer sa morsure ? il y a pourtant
des routes plus sures
passeur noctambule
qu'aucun passeur ne sollicite
tu affectionnes les écueils
ou dieu dispose échafauds.

 

Olivier
Taillader,
Forer jusqu'à la racine
La pudeur lourde des siècles
Scelle les mâchoires de l’olivier
L’arbre n’est pas un aveu
Mais la question qui sans cesse creuse
L’aplat inquiet de nos pensées.
quand le bleu et l’ocre
Confrontent leurs ossatures
Quand khadda grave l’essor
Dans l’exiguïté d’une cicatrice
l’arbre enjambe les silences
Et gonfle ses ramures d’invectives
Quand l’oubli renforce ses vigiles
Quand la strangulation affine ses noeuds
L’olivier devient une mémoire
Qui ne craint plus de nommer.